SOPHROLOGIE OU/ET MEDITATION DE PLEINE CONSCIENCE (MBSR) ?

Une question fréquente : quelles différences, quelles similitudes entre la sophrologie et la méditation mindfullness ?

A l’origine de chaque méthode, un visionnaire créatif :

Les deux fondateurs évoluent dans un univers scientifique où la médecine propose des traitements traditionnels dont ils ressentent les limites. Inspirés de leurs expériences personnelles, ils vont innover et créer chacun leur méthode.

En 1966, Jon KABAT-ZINN, docteur en biologie moléculaire et chercheur américain, passionné par le zen, le yoga et la méditation qu’il pratique alors qu’il est étudiant va s’inspirer des bénéfices de ses pratiques pour fonder la clinique de réduction du stress (Stress Reduction Clinic) renommé programme MBSR (Mindfulness-Based-Stress Reduction) en 1979.

Initialement pour accompagner ses patients en complément des traitements médicaux plus traditionnels, il va laïciser son programme préventif et éducatif, le codifier et le faire valider scientifiquement, pour l’étendre au plus grand nombre.

Depuis, d’autres programmes ont vu le jour MBCT (Mindfulness-Based Cognitive Therapy) destiné aux patients sujets à la dépression et le MSC (Mindful Self Compassion).

En sophrologie, dans les années 60, Alfonso CAYCEDO, neuropsychiatre colombien, va définir sa méthode pour accompagner ses patients, traités, à cette époque, par des procédés thérapeutiques violents. Passionné par les états de conscience modifiés. il décide de créer sa méthode, fort de ses cheminements personnels et de ses expériences de pratiques orientales lors de ses voyages en Asie (yoga, bouddhisme tibétain, zen japonais) et de courants occidentaux (hypnose ériksonienne, phénoménologie, philosophie existentialiste du positif). A partir de 1970, elle s’étendra aux domaines du développement existentiel, de la pédagogie, du sport et de l’entreprise.

Aujourd’hui, Natalia CAYCEDO médecin psychiatre, fille du professeur CAYCEDO, et Christophe ANDRE psychiatre, écrivain, s’accordent pour dire que les deux méthodes sont cousines.

Deux pratiques expérientielles, aux bienfaits corps/esprit, deux approches différentes

Les deux disciplines visent à porter son attention sur la conscience de soi, à trouver un bien-être harmonisé corps/esprit. Les deux pratiques sont expérientielles et visent l’autonomie dans le cheminement personnel et singulier du pratiquant.

Jon Kabat-Zinn définit la méditation comme une médecine corps-esprit :

« La pleine conscience consiste à porter notre attention d’une certaine manière : délibérément, au moment présent, sans jugement de valeur »

Pour Alfonso Caycedo, c’est une recherche phénoménologique. Sa devise est Ut conscientia noscatur (que la conscience soit connue), son propos est d’observer et de décrire le sens attribué à une expérience, à partir de la conscience qu’en a le sujet qui la vit. La sophrologie propose des techniques à médiation corporelle. C’est à partir de l’expérience et de la conscience de mon corps, de ses mouvements, de ses ressentis et sensations internes, externes que l’évolution vers un mieux-être global s’amorce. En favorisant la détente à la fois physique, émotionnelle et psychique, je laisse plus de place à l’émergence de mes ressources, de mes capacités, à ma créativité, jusqu’à trouver des solutions constructives à mes difficultés, ce qui favorise mon épanouissement.

Les deux disciplines sont naturelles, simples, non médicamenteuses, holistiques, laïques, apolitiques, universelles, complémentaires aux autres thérapies.

Elles s’adressent à tous, aux adolescents, aux adultes, aux personnes de grand âge, quel que soit son état physique, son handicap. En sophrologie, les enfants sont accueillis à partir de 3 ans, en MBSR, la méthode est adaptée pour les plus jeunes.

Les contre-indications sont peu nombreuses : dépression en phase aiguë, troubles bi-polaires non stabilisés, troubles dissociatifs et psychotiques, attaque de panique récurrente.

Les bénéfices pour la santé d’une pratique régulière de la méditation a été largement démontrée par le monde scientifique, ce qui a facilité son essor. Elle agit sur le stress chronique, les dysfonctionnements et les pathologies qui en découlent : l’anxiété, la douleur, le système immunitaire, les comportements addictifs, l’insomnie. Elle renforce les fonctions cognitives (mémoire, concentration, attention, créativité).

Pour la sophrologie, la démarche est moins cartésienne, plus phénoménologique. Les exercices visent à prendre conscience que « je suis mon corps », ma peau, mes muscles, mes os, mes cellules et mes molécules. Mon corps intelligent, limité, abrite ma conscience illimitée, ma petite voix invisible, toujours présente, qui capte par le biais de mes sens, tout ce que je peux ressentir de mon monde extérieur et de mon monde intérieur : mes douleurs, fatigues, ruminations, frustrations mais aussi mes sensations agréables, mes joies, mes enthousiasmes. Ces mondes sont constamment changeants, toujours en mouvement, en transformation, tout au long de ma vie. La méthode est une pédagogie visant à ressentir mes vivances (tous les phénomènes, ressentis, pensées, émotions, souvenirs…) à devenir acteur de mon existence équilibrée, harmonisée entre mon corps, mon esprit et mes valeurs.

Une visée différente :

Le sophrologue accompagne son consultant au son de sa voix. Le contenu de son discours (terpnos logos) dépend de son intentionnalité. Le travail sophrologique porte sur une intention (accompagnement du stress, des émotions, du changement, du deuil, de la maternité, des addictions, préparation à un évènement sportif ou scolaire...).

En pleine conscience, la pratique est « sans objet », mais vise une présence « absolue » pour apprécier la vie à travers une vision clarifiée. L’attention est l’œil de notre esprit - Christophe ANDRE. Lorsque je suis en souffrance, je resserre, je rétracte sur ma douleur, mon attention est mentalisée, analysée. La pleine conscience me permet d’élargir mon attention à tout.

Une temporalité différente :

La méditation vise à cultiver la conscience de soi et la pleine présence dans le moment présent. En sophrologie, le présent ne se réduit pas à un point, un instant. Il s’élargit, en tant que présent vivant, il nous inscrit dans une dynamique, « je suis présent, je suis » mais mon présent est entouré par le passé (mémoire spontanée) et le futur (anticipation), qui me permettent d’être présent, ici et maintenant. Le temps de ma séance est une parenthèse, une suspension de mon rapport au monde, du temps des horloges, du temps socialisé.

Pratiques méditatives et sophrologiques :

Les deux disciplines se pratiquent en séances collectives ou individuelles, guidées verbalement par un instructeur/trice en méditation et un/une sophrologue en sophrologie.

En sophrologie, une séance dure environ une heure, se réalise en trois étapes :

  • le dialogue pré-sophronique, est un temps d’échange concernant l’état du consultant, le jour de la séance et les évènements notables de sa vie du moment. Le/la sophrologue adapte son accompagnement à partir de cet échange.

  • la pratique, qui dure entre 30 et 45 min selon le thème de l’accompagnement et le besoin immédiat du consultant.

  • la phénodescription, qui est un temps de partage de l’expérience vécue par le sophronisant afin de mettre en lumière ses ressentis (par écrit ou oralement). Le/la sophrologue est un accompagnateur, il reformule pour aider son client à conscientiser ce qu’il a vécu. Le travail sophrologique se poursuit dans les heures et les jours qui suivent. En pratique personnelle, le sophronisant, selon son mode de vie et le temps qu’il peut accorder à sa pratique, réalise seul ses sophros pauses ou flash sophros, plus courtes.

Le sophrologue peut proposer des supports de pratiques : enregistrement des séances et fiches de pratiques.

En méditation, le programme MBSR est un programme qui se compose de 8 séancescollectives hebdomadaires de 2h30 (la première et la dernière durent 3 h) et d’une journée de pratique intensive. Au total 30 h de pratiques sont proposées sur l’ensemble du programme. L’instructeur/trice est un enseignant, il/elle transmet l’écoute de soi, introspective et calme. En pratique personnelle, le méditant accordera quelques minutes à plusieurs heures, quand il sera familiarisé à sa pratique.

La répétition des pratiques, recommandée dans les deux disciplines, permet d’intégrer et d’engrammer les bienfaits des expériences, de créer de nouveaux circuits neuronaux, jusqu’à des transformations durables et profondes.

Des postures différentes :

Les deux méthodes se pratiquent assis ou allongé (plus rarement, pour ne pas s’endormir) dans une immobilité confortable. En sophrologie, les relaxations douces sont en posture assise, mais elle propose également des relaxations dynamiques (RD, au nombre de 12 au total dont 4 destinées au grand public), debout, en mouvement, ainsi que des visualisations.

Des postures différentes :

Le méditant se sert de sa respiration libre, naturelle, pour calmer le flot et le bavardage de son mental, pour pouvoir porter son attention sur lui-même, ses pensées, ses sensations physiques, ses émotions, sans les juger. Il choisit généralement un endroit calme et confortable, mais une pratique, baignée de sons ambiants lui permettra de constater qu’il peut s’intérioser profondément.

En sophrologie, la respiration est considérée sur trois plans : physiologique, biologique et spirituel. Comme la cadence d’une musique, notre harmonise notre Être ou bien le désaccorde. La méthode utilise des respirations contrôlées, synchronisées. Le souffle est la voie royale pour libérer les tensions physiques, émotionnelles ou psychiques. Rétentions et expulsions, plus ou moins douces, plus ou moins prolongées, permettent de faire l’expérience du plein qui amplifie son énergie, sa température, son flux sanguin et du vide qui les apaise, et lui permet de mobiliser sa concentration et ses forces créatrices. Les silences intentionnels au fil d’une guidance et en fin de séance (totalisation) permettent au sophronisant de méditer pour engrammer tous les phénomènes (ressentis, vivances) de l’expérience.

Le sophronisant, guidé au son de la voix du/de la sophrologue, se connecte à son souffle, rentrera dans un état de conscience légèrement modifié (zone sophro-liminale, en ondes Alpha, entre veille et sommeil). Dans cet état, la plasticité cérébrale et imaginative est plus importante, les perceptions intérieures et extérieures accentuées. Il sera invité à accueillir « ce qui est » sans rien rejeté, ni privilégié, à porter un regard nouveau dans cet espace créé. Sorte de pas de côté par rapport aux modes de pensées ordinaires, ce qui ouvre sur un champ des possibles, jusqu’à ouvrir sur une dimension spirituelle.

La répétition des pratiques, recommandée dans les deux disciplines, permet d’intégrer et d’engrammer les bienfaits des expériences, de créer de nouveaux circuits neuronaux, jusqu’à des transformations durables et profondes.

Les deux pratiques favorisent un nouveau style de vie, une nouvelle philosophie de l’existence.